LES COMITÉS DE BASSIN AU RIO GRANDE DO SUL : FORMATION, DYNAMIQUE DE FONCTIONNEMENT ET PERSPECTIVES

 

                                                                  Eugenio Miguel Cánepa

                                                                  Isidoro Zorzi

                                                                  Luiz Antônio Timm Grassi

                                                                  Percy B. Soares Neto                       

 

Ø      Eugenio Miguel Cánepa. Économiste,  Spécialiste en Économie Urbaine et Régionale (USP), Chercheur de la Fondation de Science et Technologie – CIENTEC – sur L’Économie de l’Environnement et la Gestion des Ressources en Eau; courrier électronique : eugeniomca@yahoo.com.br

Ø      Isidoro Zorzi. Licencié en Philosophie, Spécialiste en Sociologie et Science Politique (UFRGS), Enseignant de l'Université de Caxias do Sul, Président du Comité de Gestion du Bassin Hydrographique de Rio Taquari-Antas ; courrier électronique : izorzi@ucs.tche.br

Ø      Luiz Antônio Timm Grassi. Ingénieur en Génie Civil, Spécialiste en Assainissement, Ex-Employé de la Compagnie de l´Assainissement du Rio Grande do Sul (CORSAN), Consultant. Président du Comité de Gestion du Bassin Hydrographique du Lac Guaíba ; courrier électronique : grassilat@via-rs.net

Ø      Percy B. Soares Neto. Administrateur, Spécialiste en Économie de l'Environnement (Univ. d'Alcalá de Henares/Espagne), Consultant, Membre de l'Institut Anthropos, Secrétaire Exécutif du Comité de Gestion du Bassin Hydrographique  du Lac Guaíba ; courrier électronique : pbsn@terra.com.br

 

Ce texte a été écrit entre 2001 et 2202 et publié en 2004 comme chapitre du livre:

MACHADO, C. J. S. (org.): Gestão das Águas Doces (La Gestion des Eaux Douces). Rio de Janeiro: Ed. Interciência, 2004.

A notre avis, les problèmes soulevés dans ce texte continuent d´être d’actualité jusqu´à aujourd’hui..

 

 

INTRODUCTION

Le présent chapitre aborde la formation, la dynamique interne et les perspectives des Comités de Gestion de Bassins Hydrographiques dans l´État du Rio Grande do Sul.

L'émergence de ces nouvelles institutions - nommés à juste titre "parlements des eaux", bien que ceux ne soient pas seulement des parlements - dans les contextes législatifs et institutionnels de l´État du Rio Grande do Sul, en particulier, et brésilien, en général,  mérite une analyse particulière,  étant donné que les expériences pilotes de comités, antérieures à la législation en vigueur, ont beaucoup influencé sa formulation et qu’aujourd'hui, à leur tour, les comités de bassin qui s’installent sont formés et configurés à l'intérieur du cadre légal fédéral (Loi 9.433/97) et des lois respectives de l'État fédéré [“Région”] où les comités sont localisés. En outre, la législation brésilienne s'est inspirée de la doctrine et des expériences internationales qui vont dans le sens de la mise en oeuvre de ce type d'expérience institutionnelle dans la gestion de ressources en eau. Ainsi, considérant ce renforcement mutuel, cette réalimentation positive, entre législation, doctrine et expériences nationales et internationales, il semble assez opportun de réaliser un examen global de la façon dont les choses se sont produites et de comment elles sont en train de se dérouler à présent  dans un État de la Fédération, le Rio Grande do Sul, qui, à travers de la Loi des Eaux 10.350/94, constitue  une des unités fédérées pionnières dans l'établissement d'un système de gestion des ressources en eau, décentralisé et participatif, où les comités de bassin sont appelés à jouer le rôle central.

Le chapitre est divisé en trois parties. La première partie focalise la période qui va du début de la décennie de 1980 jusqu'à l'année de 1994, c´est-à-dire, la période qui va des études pilotes du Comité Exécutif d'Études Intégrées du Bassin du Guaíba (CEEIG) jusqu'à la promulgation de la Loi des Eaux du Rio Grande do Sul, la Loi 10.350/94, le 30/12/94. Cette période, à son tour, est subdivisée en deux : l´une qui va de 1980 jusqu'à la promulgation des Constitutions Fédérale et de l´État du Rio Grande do Sul - en 1988 et 1989, respectivement ; l´autre qui couvre la période 1989-1994.

La seconde partie analyse la procédure d'adaptation des Comités préexistants à la Loi des Eaux et la procédure de mise en place des nouveaux Comités prévus par la loi. Dans cette analyse, sont soulignés les aspects le plus généraux de la Loi, la politique développée par les gouvernements successifs de l'Etat du Rio Grande do Sul, ainsi que la dynamique sociale impliquée par le processus d'adaptation/formation des Comités.

La troisième partie analyse les difficultés, perspectives et les aspects stratégiques à considérer dans l'évolution du Système de Gestion des Ressources en Eau de l´État du  Rio Grande do Sul, surtout en ce qui  concerne son institution centrale, les comités de bassin.

 

PREMIÈRE pARTIE

LA PÉRIODE 1980-1994

 

De 1980 jusqu'à la promulgation des Constitutions Fédérale et de l´État du Rio Grande do Sul

 

Dans la seconde moitié de la décennie de 80, une ample et plus solide mobilisation vers la modernisation de la gestion des ressources en eau dans l´État du Rio Grande do Sul s’installe effectivement. Néanmoins, les initiatives précédentes, autant dans la sphère gouvernementale (ou très proche d’elle) que dans  la société en général, établissent des antécédents très importants et qui vont, justement, confluer vers la mobilisation déjà mentionnée.

 

Dans la sphère gouvernementale, il faut mentionner trois faits importants. Premièrement, il commence à s'esquisser dans le pays, à partir de l'expérience assez réussie de pays comme la France, l'Angleterre, l'Allemagne et les États-Unis, l'idée que la gestion par bassin hydrographique est préférable à un abordage ponctuel dans la gestion des eaux. Se basant là dessus, le Gouvernement Fédéral a créé les Comités d'Études Intégrées dans certains des plus importants bassins de fleuves fédéraux, comités définis comme organes collégiaux multi-institutionnels, coordonnés par le Comité Spécial d'Études Intégrées de Bassins Hydrographiques (CEEIBH) et sous la commande générale de DNAEE - Département National d'Eaux et Énergie Électrique. Par son importance, bien qu´il ne soit pas un cours d´eau fédéral, le bassin hydrographique du Guaíba a installé, en 1979, le CEEIG - Comité Exécutif d'Études Intégrées du Bassin du Guaíba. Le CEEIG a agglutiné des institutions de niveau fédéral, de l’État fédéré (régionaux) et municipaux, il a systématisé des connaissances sur la base d'études existantes et il est arrivé à proposer les objectifs de qualité des principaux cours d´eau par classes d´usage. Mais, bien qu’il ait développé ses travaux jusqu'aux premières années de la décennie de 80, le CEEIG n'a jamais dépassé le stade de groupe d'études et consultatif.

Le second fait à mentionner concerne une initiative, en 1981,  du gouvernement  du Rio Grande do Sul. Intéressé par la captation de ressources financières fédérales destinées à l'irrigation, et en répondant à une l´exigence dans ce sens, le gouvernement de l´Etat du Rio Grande do Sul a créé, par décret, un "Système de Ressources en Eau  de l´État du Rio Grande do Sul”,  ayant à sa tête le Conseil de Ressources en Eau du Rio Grande do Sul – CONRHIRGS. Dans le décret d'installation du système étaient prévus deux types de comités de bassin : dans chaque bassin il y aurait un "comité exécutif", composé d'agences officielles, et un "comité consultatif", composé d'entités non gouvernementales. Bien que certains de ces comités aient étaient crées et mis en place, le "système" n'a jamais eu de fonctionnement effectif.

Finalement, le troisième fait à mentionner a été le Séminaire International de Gestion de Ressources en Eau, réalisé à Brasília, en mars 1983, avec l’appui conjoint du  DNAEE (MME), du Secrétariat Spécial de l'Environnement (SEMA/MINTER), du Conseil National de Développement Scientifique et Technologique (CNPq/SEPLAN) et du CEEIBH. Cette rencontre, qui a compté avec la présence de spécialistes internationaux d'Angleterre, France et Allemagne (avec une profonde expérience dans leurs pays respectifs), a été d'extrême importance pour déclencher, à l’échelle nationale, un ample débat sur la modernisation de la gestion des ressources en eau. En particulier, au Rio Grande do Sul, sa répercussion a été très grande parmi tous ceux qui cherchaient à appréhender et systématiser l'expérience internationale et ses possibles enseignements en terme d'application à la gestion de nos eaux.

 

En parallèle à ces initiatives dans la sphère gouvernementale, la société en général aussi commençait à se mobiliser. Les années 70 et 80 ont vu l'éclosion du mouvement environnemental, profondément inquiété avec la croissante dégradation environnementale, surtout celle des cours d´eau. Dans la région Métropolitaine de Porto Alegre, trois cours d´eau causaient grande préoccupation : le Lac Guaíba et deux de ses affluents, le Rio dos Sinos et le Rio Gravataí. En vertu d´être localisés dans une région hautement industrialisée et urbanisée, les trois cours d´eau subissaient un processus de pollution très intense. Face à cette situation, au milieu de la décennie de 80, différentes entités s'organisent et des campagnes sont lancées dans le but de sensibiliser l´opinion publique et de provoquer l'action gouvernementale.

 

C'est à ce moment que, comme dans un mouvement "pris en pinces", les deux sphères commencent à se rencontrer et dialoguer de manière plus fructifère. Comme conséquence de cette dynamique, apparaissent les deux premiers "comités", des bassins du Sinos et du Gravataí. La genèse du Comité Sinos remonte à 1987. Pendant cette année, est déclenchée la campagne SOS Sinos, conduite par des entités écologiques de la région, les médias locaux, les autorités de l´État du Rio Grande do Sul et locales et des secteurs de l'industrie. Le mouvement a comme point culminant la réalisation d'un séminaire, le 17 septembre 1987, à l'Universidade doVale dos Sinos - UNISINOS – dont le siège est situé dans la ville de São Leopoldo, une des plus importantes du bassin. A cette occasion, est décidée la création d'un "comité de bassin" avec la mission d´affronter la mort imminente du  Rio dos Sinos. Lors la préparation de la proposition d'installation du comité, est décidé l'abandon de la dualité "comité exécutif" + "comité consultatif", et l’option retenue est  la lutte pour la création officielle d'un comité habilité à la gestion permanente des eaux du bassin. Le 17 mars 1988, à partir du décret gouvernemental de création, le « ComiteSinos » devient le premier comité de gestion de bassin d'un fleuve de niveau régional implanté dans le pays. Avec son nom original un peu long - Comité de Préservation, Gestion et Recherche du Rio dos Sinos - le ComiteSinos initie ses activités en affrontant une ambiguïté d'intentions, avec une indécision flagrante entre des objectifs d'études techniques et des objectifs de mobilisation, sensibilisation et gestion proprement dite.

Le Comité Gravataí, le second à être installé, a eu une gestation similaire. Depuis déjà plusieurs années, des mouvements environnementaux, attiraient l'attention sur des graves problèmes de dégradation en cours du Rio Gravataí : la pollution intense, dans la partie inférieure du fleuve, avait déjà a causé l'abandon de captations d'eau pour l’AEP ; d'un autre côté, la mise en cultures prédatrice entraînait la réduction croissante de zones inondables, régulatrices du régime du fleuve et de grande importance écologique. Des faits comme ceux-là ont motivé la création, dans le début de 1988, d'un groupe de travail interinstitutionnel, promu par la Fondation Métropolitaine de Planification - METROPLAN -et par l'Association de l'Ex-Stagiaires en l'Allemagne/ Section Sud - AEBA-RS. Comme résultat d'un colloque, préparé par ce groupe et réalisé à l'Institut Goethe, à Porto Alegre, a été lancée l'idée de la nécessité de constituer un comité de bassin. Un décret gouvernemental, du 15 février 1989 - pratiquement une année après la création du ComiteSinos - installait officiellement le Comité de Gestion du Bassin du Rio Gravataí.

Bien que créés par décret gouvernemental, les deux comités, dès lors, ont affronté à une grande précarité de ressources financières et, principalement, de pouvoir réglementaire effectif de gestion des eaux de leurs bassins respectifs. Néanmoins, une longue liste d'effets positifs peut être accordée au crédit de cette expérience. Les comités ont réussi à agglutiner des entités et des personnes - du secteur des entreprises, des secteurs sociaux en général, du secteur public - en maintenant leurs activités sans interruption jusqu'à aujourd’hui. Le ComiteSinos a bénéficié depuis le début de l'aide matérielle de l'Université de la Valée dos Sinos - UNISINOS ;  le Comité Gravataí, avec celle de la  METROPLAN.

Sur la base de toute cette mobilisation et de ces appuis, les Comités ont été capables d'une série d'initiatives assez importantes. On peut mentionner, dans le cas du ComiteSinos : campagnes auprès d'industries pour l'adoption de mesures pour le contrôle de la pollution, articulation des communes et des agences de l’Etat du Rio Grande do Sul pour décider des problèmes liés à la destination de déchets solides, la mise en place d'un réseau de surveillance de la qualité de l'eau, partagée entre la Société Riograndense d´Assainissement (CORSAN), le Département Municipal de l'Eau et des Égouts de Porto Alegre (DMAE), le Service Municipal d'Eau et d´Égout de São Leopoldo (SEMAE) et la METROPLAN, ainsi que la promotion de cours de qualification en éducation environnementale pour des enseignants, qui a donnée lieu à un réseau intermunicipal d'éducateurs. Dans le cas du Comité Gravataí, l'effort a eu comme points focaux la campagne pour la conservation et la restauration d'écosystèmes atteints par l'agriculture et les mesures pour la correction du régime hydrologique du fleuve, atteint par des travaux de rectification et de canalisation de son cours ; en outre, il y a eu aussi des actions d'incitation à l'éducation environnementale, au contrôle de la pollution industrielle et à la résolution de problèmes d'assainissement  dans les secteurs des déchets solides, égouts et AEP. Si, d'un côté, toutes ces actions ont permis quelques avancées concrètes dans la solution de problèmes ou conflits, d'autre part elles ont démontré la précarité d'actions volontaires et isolées. (Il commence à être clair qu'une gestion des ressources en eau ne peut pas être faite par des instances collégiales, même participatives, sans l´engagement des acteurs concernant les décisions prises; en un mot, il faut que les décisions aient un pouvoir régalien). Néanmoins - et c’est le grand résultat positif – il a été possible de maintenir la cohésion de tous ceux qui étaient intéressés par la gestion par bassin et par la mise en place des comités.

 

En conséquence, entre autres, des vicissitudes mentionnées ci-dessus, par lesquelles passées les comités récemment installés,  un groupe de travail interinstitutionnel a été constitué aux milieu de l'année 1988, à initiative et avec le pilotage du /bureau de Conseil de Ressources en Eau de la  CORSAN, qui a établi dès le début une stratégie d´action vers deux fronts. D'un côté, il a été décidé de maintenir un solide engagement en relation aux expériences des Comités Sinos et Gravataí, ainsi que de quelques autres qui apparaîtraient, en cherchant à comprendre et à inclure toute la dynamique sociale observée dans ces tentatives d'action sociale. Cet engagement, grâce au contact étroit avec notre réalité sociale, apparaissait essentiel pour capter les particularités régionales et culturelles importantes pour la mise en place d'une gestion de ressources en eau adaptée et, en même temps, réaliste et possible. D'autre part, justement à partir de la limitation des expériences en cours signalée ci-dessus, le groupe s'est engagé dans la construction d'un cadre de référence théorique qui puisse donner un sens et une  consistance à l'action. Immédiatement, a été lancée une étude sérieuse des expériences étrangères en matière de la  gestion des eaux (France, Allemagne, Angleterre, États-Unis), en rassemblant également les connaissances acquises par les membres du groupe lors de leurs voyages et stages à l’étranger. Un stage effectué en France, en 1991, avec le parrainage de la Fondation de Science et de Technologie - CIENTEC - et de la Fondation de Soutien à la Recherche du Rio Grande do Sul – FAPERGSm allait se révéler particulièrement utile. On a  profité, évidement, d'études et de discussions qui existaient au Brésil depuis quelques années, à la fois dans le milieu universitaire, et dans les institutions publiques (ici, il contient détacher le rôle vraiment fondateur du Colloque International réalisé à Brasília, signalé ci-dessus).

Cette stratégie de double face s'est révélée être une réussite. De fait, le travail d'élaboration théorique a eu lieu dans confrontation continue avec l'expérience concrète vécue par les comités et leurs participants. Ainsi, la discussion intellectuelle a toujours été tempérée, et même forcée à examiner constamment le quotidien fait des manques, des besoins, des centre d’intérêts et des problèmes concrets. En outre, le contexte politico-institutionnel a toujours conditionné l’avancée du processus. Les comités amenaient à la surface des questions concrètes de conflits pour l'usage de l'eau, de menaces à la conservation des cours d'eau, d'accidents ou d'événements imprévisibles. La  précarité des ressources matérielles a menacé plusieurs fois la survie des deux nouvelles institutions. Au fur et à mesure que se  formulait un modèle de gestion, la réalité elle-même interrogeait son adéquation aux situations et problèmes concrets qui étaient cruciaux. Rapidement, es apparue clairement la nécessité d'un support institutionnel et législatif plus global et puissant - une loi et un système institutionnel - qui permettrait à l'État d’assumer sa responsabilité dans la gestion des ressources en eau, en adoptant une politique publique pour les eaux.

Le groupe de travail qui s'était formé au milieu de l’année 1988, comme expliqué ci-dessus, a eu, à la fin de cette même année, l'heureuse occasion de s'institutionnaliser. Il existait, dans la structure du Système de Ressources en Eau de l´État du Rio Grande do Sul, déjà mentionné, la  Commission Consultative de CONRHIRGS  installée dans le début de la décennie de 80 avec le caractère de porte-voix de l´avis et de l´opinion des divers secteurs de la société, ce qui ajoutait à la dynamique plus de trente organismes de la société civile ainsi et des agences publiques. Sous le pilotage compétent du directeur régional de DNAEE de l’époque, ce groupe collégial a été capable d'absorber le groupe de travail et d'agglutiner de nouvelles forces qui, finalement, ont été les acteurs de la gestation des principales formes qui ont moulé dans un cadre législatif et institutionnel, et de forme définitive, le Système Régional de Ressources en Eau du Rio Grande do Sul.

 

De la promulgation de la Constitution Fédérale et de la constitution de l´État du Rio Grande do Sul jusqu'à celle de la Loi 10.350/94

 

La promulgation de la Constitution Fédérale, en 1988, ainsi que les travaux de l’Assemblée Constituante de l´État du  Rio Grande do Sul, culminant avec la Constitution Régionale de 1989, ont donné un élan important à l'effort développé par le groupe de travail, à présent complètement intégré à la Commission Consultative pour l’élaboration de la Constitution. Nous ne citeront pas les articles bien connus de la Constitution Fédérale concernant la gestion de l’eau - surtout, l´art. 20, III et 26, I (sur la domanialité des eaux) et l´art. 22, IV (sur la compétence réservée de l’Etat Fédéral pour légiférer sur des eaux et l'énergie). Néanmoins il y a besoin d’un examen plus détaillé du(des) dispositif(s) constitutionnel(s) propre(s) à l´État du Rio Grande do Sul (Constitution de 1989).

De la même manière que la Constitution Fédérale, la Constitution du Rio Grande do Sul est riche en matière de dispositifs concernant les questions environnementales. Entre tous, pour ce qui nous concerne, il convient de signaler l´art. 171:

 

Art. 171 - Il est institué le système de ressources en eau de l’État [du Rio Grande do Sul], intégré au système national de gestion de ces ressources, en adoptant les bassins hydrographiques comme des unités de base de planification et de gestion, une fois observés les aspects d'utilisation et de l'occupation du sol, en vue de promouvoir :

I - l'amélioration de la qualité des ressources en eau de l'État ;

II – la garantie de l’approvisionnement en eau des populations urbaines et rurales, des industries et des établissements agricoles.

Paragraphe 1º -  Le système dont traite cet article comprend des critères d’autorisation/ déclaration, le suivi correspondant, la surveillance et tarification, afin de protéger et de contrôler les eaux superficielles et souterraines, courantes, de sources et stagnantes, ainsi que de rationaliser et de rendre compatibles les utilisations, y compris la  construction de barrages et usines hydro-électriques.

Paragraphe 2º - Dans l'exploitation des eaux superficielles et souterraines sera considéré d'absolue priorité l'approvisionnement en eau des populations.

Paragraphe 3º - Les ressources financières rassemblées par l'utilisation de l'eau devront être destinées à des travaux et à la gestion des ressources en eau dans le bassin lui-même, en garantissant sa conservation et celle des ressources environnementales, avec une priorité pour les actions préventives.

 

Ce dispositif, dont la rédaction a compté avec la collaboration de participants de la Commission Consultative,  a donné corps à quatre grands principes pour la gestion des eaux de l'état :

1º) Gestion des eaux à travers d´un Système de Ressources en Eau de l´État [du Rio Grande do Sul] - et non à travers d´une agence spécifique et centralisée – en reconnaissant, ainsi, la complexité technique, politique et institutionnelle de la question ;

2º) Adoption du bassin hydrographique comme unité  de planification et d'intervention;  ici, on  retrouve un principe bien établi dans la doctrine internationale de gestion de ressources en eau.

3º) Mise en place des procédures d’autorisation/ déclaration et tarification des ressources en eau – taxation des prélèvement d´eau et des déversements d'effluents - en établissant, au niveau constitutionnel pour les eaux du domaine de l'état, le Principe Usager Payeur (PUP), un instrument économique moderne utilisé  dans des pays du monde développé - surtout dans les pays de l'Union Européenne.

4o) Retour de la recette ci-dessus dans le bassin où elle a été collectée. Les ressources financières doivent être appliquées dans la  gestion des eaux du bassin; parmi ce dispositif, l´application du PUP devient une opération « liée » : le produit de sa collecte reste dans le bassin pour sa gestion, c´est-à-dire,  il est destiné  au financement de la planification et de l'exécution des interventions, structurelles ou non structurelles.

Comme on verra plus loin, ce dernier principe - hautement souhaitable pour la légitimation politique et sociale de l'instauration de PUP, étant établi déjà au niveau constitutionnel -  est une différence très avantageuse de la législation de l´État du Rio Grande do Sul vis-à-vis des autres lois des états et même de  la  Loi fédérale postérieure 9.433/97.

À partir de ces bases, les efforts des membres de la Commission Consultative ont été redoublés, en essayant former un système de gestion qui unissait les meilleures contributions de l'expérience internationale, l'expérience acquise dans les initiatives locales et les principes de grande portée établis par le législateur constitutionnel. Il s’agissait, donc, d´élaborer un avant-projet de loi capable de traduire le modèle construit et de promouvoir son fonctionnement. La Commission Consultative s'est engagée dans ce travail jusqu'au milieu de l’année 1991, le Président de l’époque du CONRHIRGS a nommé un  Groupe de Travail, composé de 6 membres de la Commission Consultative et d´une juriste de l´Intendance Générale des Procureurs de l´État [du Rio Grande do Sul],  pour élaborer le texte d'un avant-projet de loi qui puisse mettre en application l´art. 171 de la Chartre de l´État. En mai 1992, l'avant-projet de la "loi des eaux" était prêt. A ce moment, le Président du CONRHIRGS a déterminé que le texte pouvait circulait dans plusieurs instances du Pouvoir Exécutif de l'état pour recevoir des suggestions. En même temps, les membres de la Commission Consultative étaient autorisé également, à procéder à des consultations, à présent au niveau de la société en général.  Ainsi c'est que, pendant deux ans, de mi-1992 jusqu'à mi-994, la Commission Consultative a fait un périple de réunions avec les segments les plus divers de la société, dans le but d´obtenir des  impressions et des  suggestions qui permettaient de soutenir les discussions postérieures avec l’assemblée législative de l´État du Rio Grande do Sul, quand l'avant-projet commencerait à « entrer dans le circuit ». Il faut signaler, aussi, dans cette période,  le contact étroit maintenu par la Commission Consultative avec le groupe correspondant qui combattait à São Paulo, avec quelques années d’avance, pour la mise en application de la Loi correspondante pour l’Etat de São Paulo, la Loi 7763/91. Parallèlement, tout au long de cette période, les Comités du Sinos et du Gravataí passaient sporadiquement par des phases dans lesquelles leur survie semblait courir sérieux risques, au cas où ils ne bénéficieraient pas d'une législation qui leur attribuait charges et pouvoirs définis et d'un système institutionnel qui fournirait des instruments de gestion. Ce qui a maintenu leur continuité a été la discussion permanente de questions d'intérêt concret et immédiat, qui allait de pair avec la continuation du processus d'instauration d'un système de ressources en eau de l’Etat du Rio Grande do Sul, tel que prévu dans l´art. 171  de la Constitution de cet Etat. Il est important de signaler, de plus, qu' un autre comité a commencé à être organisé à partir de 1993, dans le bassin du fleuve Santa Maria, où les conflits pour l´usage de l'eau pour l´irrigation sont exacerbés. Au début de 1994, le comité est créé officiellement.

Finalement, aux milieux de 1994, le Gouvernement du Rio Grande do Sul, avec la nécessaire approbation de l´Intendance Générale des Procureurs de l´État,  a envoyé sans modifications l'avant-projet de "loi des eaux" élaboré en 92,  pour l´examen de L´Assemblée Législative. Bien qu´il ait été proposé par la Commission de Santé et d'Environnement de L´Assemblée Législative, une exposition sur le système proposé dans l'avant-projet, permettant la discussion sur leurs divers aspects, le sujet n'est pas arrivé à sensibiliser les députés; le débat parlementaire attendu, qui apporterait éventuellement des perfectionnements au texte présenté, n’a pas eu lieu. De  cette manière, l'avant-projet a été approuvé par unanimité de l´Assemblée Législative et sanctionnée par le Gouverneur de l'État du Rio Grande do Sul, comme Loi 10.350, du 30 décembre 1994.

Nous terminons ainsi l'année de 1994 avec une Loi qui n´a pas été suffisamment débattue pendant la négociation à l’Assemblée, et qui devra à présent être minutieusement discutée pendant son processus de mise en application. Dans ce processus, les trois comités existants avant la Loi devront s'adapter à ses dispositifs (heureusement, avec un cadre légal et institutionnel qui leur donne appui et caractère officiel); en même temps, presque deux dizaines d'autres devront être installés et mis en fonctionnement.

 

 

DE 1995 JUSQU'À  NOS JOURS

 

Comme il a été dit précédemment, de même que l'expérience acquise dans les Comités existants avant la Loi (Sinos et Gravataí, principalement) a beaucoup influencé  la rédaction de l'avant-projet de loi, il n´est pas moins vrai que, à partir de la promulgation de la Loi 10.350/94, tout le processus de formation de nouveaux comités est réorienté, placé dans un nouveau cadre de référence, comprenant l'adaptation, aux termes de la loi, des comités préexistants. Ainsi,  pour que le lecteur puisse accompagner plus facilement l'exposition qui va suivre sur l'interaction entre gouvernement et société dans la procédure complexe de mise en application de la Loi des Eaux du Rio Grande do Sul, initiée en 1995 et en plein développement aujourd'hui, il nous semble essentiel de présenter une vision panoramique de la Loi 10.350/94, ses caractéristiques et particularités.

 

Vision panoramique de la Loi 10.350/94

 

Dans ce paragraphe nous examinerons quatre points : les caractéristiques générales et spécifiques de la Loi du Rio Grande do Sul, ainsi que les similitudes et les différences de la loi avec le modèle français, clairement inspirateur dans la pratique de toute la législation brésilienne en cours d’élaboration et de mise en application.

 

i)  Caractéristiques générales de la Loi 10.350/94

 

En essayant de présenter la question dans ses aspects essentiels, on peut dire que la Loi 10.350/94, par le la mise en application de l´art. 171 de la Constitution de l´État du Rio Grande do Sul, est une expression du modèle de gestion publique des eaux suivant:

1) Au fur et à mesure que le processus de développement se met en place, les divers  acteurs sociaux, ainsi que la société en général, commencent à percevoir graduellement que l’eau devient de plus en plus rare, soit par la dégradation qualitative, soit par des problèmes de quantité, et se transforme ainsi en un bien économique; 

2) Face à cela, permettre l’accès gratuit à l’eau n´est plus justifiable et, suite à l'inconvenance, et même à l’impossibilité d'attribution de droits de propriété privée, l'État assume sa domanialité, au nom de la collectivité, en application de la détermination constitutionnelle explicite;

3) L'État [du Rio Grande do Sul], une fois entendue la société, de forme plus ou moins décentralisée,  fixe des objectifs de qualité pour les cours d´eau, à être atteints à long terme, et qui correspondent aux objectifs d’usage de ces cours d´eau, exigeant l´amélioration (ou, au moins, la manutention) de la qualité actuelle;

4) L'État [idem], en fonction des objectifs établis, commence à limiter les autorisation/ déclarations d´usage des ressources en eau, dans le but de rationner et rationaliser son utilisation ;

5) L'État [idem], en plus de l’autorisation/ déclaration, commence à percevoir un prix sur l´usage des eaux:  i) en premier lieu, il commence à percevoir sur le prélèvement d´eau; ii) en second lieu, il commence à percevoir sur le rejet d´effluents. Ces deux composants  de redevances constituent, conjointement, ce qu’on appelle le Principe Usager Payeur, sachant que le second composant a un nom spécifique: Principe Pollueur-Payeur. En général, l’objectif des redevances est double: i) d´un côté, compléter le mécanisme d’autorisation/ déclaration, en stimulant les agents dans le sens d´une utilisation plus modérée et compatible (finalité incitative); cette facette des redevances constitue  une vraie rente de rareté, en permettant d´égaler, dans la marge, l´utilité/productivité marginale de la ressource, en optimisant, ainsi, son utilisation; ii) d´autre côté, former un fond de financement pour les interventions nécessaires pour la manutention/amélioration du cours d´eau (finalité de financement);

6) Dans le sens d’arriver à une gestion des eaux décentralisée et participative, l'État délègue la mise en pratique graduelle des objectifs de qualité, ainsi que l'application des autorisations/ déclarations et du recouvrement des redevances, aux Comités de Bassins Hydrographiques - les vrais "parlements des eaux" - dûment assistés par les Agences de Bassin correspondantes – des agences techniques à la disposition des comités pour la planification et pour l´exécution  de leurs attributions;

7) L'État [du Rio Grande do Sul] assume le devoir de contrôler de façon permanente la qualité et la quantité des ressources en eau, ainsi que les prélèvements/émissions des sources utilisatrices/polluantes, afin de vérifier la poursuite progressive des normes de qualité établies, en maintenant les citoyens informés sur le processus. En outre, il  a  le rôle de re-orienteur,  au cas où les comités n´accomplissent pas leur rôle  à son gré.

Sur ce schéma, nettement simplifié, il nous semble opportun de greffer quelques considérations. En premier lieu, bien qu’il fasse référence à la Loi des Eaux du Rio Grande do Sul, ce schéma, s'applique, en général, avec quelques modifications, aux divers autres Etats de la Fédération (pour des domaniales des États fédérés)  et à la Loi Fédérale 9.433/97 elle-même (pour les eaux domaniales de l'Union [Gouvernement Fédéral] et en matière d'établissement d'une Politique Nationale de Ressources en Eau). En second lieu, il faut remarquer que ce qu´on essaye de mettre en oeuvre, à large échelle, au Brésil, n'est en aucun cas une invention locale, s’agissant vraiment d’un système aujourd'hui existant (avec des variations) dans plusieurs pays du monde développé, surtout les membres de l'Union Européenne. En outre, telle systématique est en accord à une tendance mondiale en matière de Politique Environnementale. En fait, l'ascension des normes de qualité des milieux récepteurs au niveau d'objectifs de la société, ainsi que l’utilisation croissante d'instruments économiques d'incitation, en complément aux normes d'émission, caractérisent ce qui pourrait être appelé  3ème phase de la Politique Environnementale conduite par les États dans plusieurs pays du monde développé (la 1ère phase étant celle de l'intervention d'Etat moyennant des disputes devant les tribunaux, entreprises par les parties engagées dans les problèmes de pollution et de dégradation; cette étape correspond, approximativement, à la période précédente à la Seconde Guerre Mondiale. Déjà la 2ème phase correspond à ce qu’on a pris l’habitude d’appeler command-and-control policy, dans laquelle l'État impose les normes d'émission et les technologies appropriées de réduction de la pollution (en général technologies end-of-pipe) ; cette étape s’étend, approximativement, de la période postérieure à la Seconde Guerre Mondiale jusqu' au milieu des années 70).

 

ii) Caractéristiques spécifiques de la Loi 10.350/94

 

Après ces considérations générales concernant le modèle sous-jacent à la Loi des Eaux du Rio Grande do Sul, il est convenable d´examiner quelques aspects très spécifiques en relation à sa structure et à son fonctionnement. L'exposition, assez synthétique, sera faite sous la forme de commentaires à l´organigramme ci joint.

La mission du Système de Ressources en Eau de l´État du Rio Grande do Sul  (SERH étant finalement de chercher des utilisations durables des ressources en eau, en les rendant compatibles entre elles et avec le développement économique, on a incorporé à la loi deux idées-clef: celle d'une planification de long terme, périodiquement révisée, et celle d'une procédure de décision et d´exécution de forme décentralisée et participative. Ces deux idées-clef  apparaissent, dès lors, dans la légende de l´organigramme:

a) la première colonne met en évidence le pilier du système : le processus de planification, dont nous avons déjà signalé l'importance. Nous pouvons voir, en examinant les diverses étapes, que le processus de planification se développe depuis les premières propositions des objectifs de qualité des cours d´eau et des plans préliminaires de bassin hydrographique jusqu'aux plans définitifs de bassin hydrographique et au contrôle de son exécution,  par  l'État.

b) la première ligne présente les principaux acteurs du système. En vertu des utilisations multiples de l'eau, ainsi que de la dispersion géographique des utilisateurs, il n´est pas possible d’échapper à une structuration complexe pour le traitement de la question.  Ils ont procédé correctement, donc, les constituants de l´État du Rio Grande do Sul, en postulant par l´art.171, l´institution d´un ‘’système’’ pour la gestion des Ressources en Eau de l´État du Rio Grande do Sul, en évitant des idées simplistes d'une seule agence capable d'accomplir, à son gré,  l´intégralité  des tâches pertinentes.

Quant  à la structure du SERH, les éléments sont groupés à trois niveaux :

1) Au sommet, nous avons les institutions qui orientent le  Système:

- Conseil des Ressources en Eau (CRH-RS), élément le plus haut du système, responsable de la formulation de la Politique des Ressources en Eau de l´État du Rio Grande do Sul;

- Département des Ressources en Eau (DRH) et Fondation pour la Protection Environnementale de l´État du Rio Grande do Sul (FEPAM): agences chargées des autorisations et déclarations (quantitative et qualitative),  de la surveillance et des inspections ;

   C´est à l'Assemblée Législative ratifier le loi le Plan de  Ressources en Eau de l´État du Rio Grande do Sul et de fixer les niveaux minimum de tarification.

2) A la base, nous avons les Comités de Gestion de Bassin Hydrographique (CGBH), les vrais "parlements des eaux", dans lesquels s'établit le rythme des interventions nécessaires à la conservation et au développement des ressources en eau, en rendant compatibles les objectifs et les possibilités de croissance avec les coûts de la préservation environnementale. Son travail comprend la proposition de normes de qualité à atteindre dans les cours  d´eau du bassin, ainsi que l'établissement du prix de l'eau, pour ses divers usages, afin de financier les interventions nécessaires. Pour exercer leur fonction, les Comités de Bassin sont constitués par des représentants des usagers de l'eau dans le bassin (40%),  des représentants de la population du bassin (40%) et représentants d’instances publiques de l'administration directe de l´État du Rio Grande do Sul et de l´administration fédérale liées aux  ressources en eau (20%);

3) Comme lien de liaison entre ces deux niveaux, nous avons les Agences de Région Hydrographique (ARH), agences techniques au service du système en général et des Comités de Bassin en particulier,  afin que ceux-ci puissent décider des interventions et des prix de l'eau en fonction d'alternatives techniquement possibles et bien définies.

 

Quant au fonctionnement du système, il peut être illustré par la description succincte suivante:

         - Chaque CGBH (comité), avec l'aide de l´ARH (agence) correspondante, prépare la Proposition d'Objectifs de Qualité des cours d´eau, laissant à la  FEPAM le dernier mot sur la fixation des Objectifs de Qualité (à travers des attributions de la Loi Fédérale 6938/81 et de la Résolution 20/86 du Conseil National de l'Environnement - CONAMA).

         - Une fois établis les objectifs de qualité, objectifs de long terme, chaque CGBH, avec l'assistance de son ARH, élabore la Proposition du Plan de Bassin, où sont prévues les interventions nécessaires pour la réalisation des objectifs de qualité fixés.

- Le DRH, avec l'aide des ARHs,  consolide toutes les Propositions originaires des CGBHs et élabore la Proposition de Loi du Plan de Ressources en Eau de l´État do Rio Grande do Sul (PERH), acheminée par l'Exécutif [Gouvernement] de l´État du Rio Grande do Sul à l´Assemblée Législative (AL)  après approbation par le CRH (conseil).  (D´après la Loi 10.350/94, le PERH est refait tous les 4 ans, avec un  horizon de 12). Une fois le PERH approuvé par l´AL, transformé en Loi, leurs dispositions passent à être obligatoires pour tous les CGBHs.

- Chaque CGBH, avec l'aide de son ARH respective,  procède à l'ajustement "fin" de sa Proposition de Plan, en établissant le Plan de Bassin Hydrographique (PBH définitif). A ce moment, sont détaillées les interventions, les chronogrammes  et les coûts, ainsi que les valeurs à percevoir  pour l´usage des eaux, nécessaires pour le financement de ces interventions

           - Chaque ARH, dans sa région respective, rassemble et canalise les ressources financières fixées, suivant le principe que toute redevance récoltée dans chaque bassin doit être appliquée dans le  même bassin (comptes liés).  

         - Concomitamment avec l'établissement et l'exécution du PERH et des PBHs, le DRH et la  FEPAM procèdent à les autorisations/ déclarations qualitative et quantitative des usages des ressources en eau. 

         - Les interventions qui se rapportent à un sous-groupe de la population  du  bassin (par exemple: un district d´irrigation)  devront   passer par le crible et l'approbation du comité concerné,  bien que les coûts de cette intervention soient partagés seulement entre les participants.

        

            - Il revient au pouvoir Public de l´État du Rio Grande do Sul , à travers de la  FEPAM et du DRH, assistés par les ARHs, la surveillance de la qualité des cours d´eau et des sources de pollution, ainsi que de la disponibilité quantitative de l'eau.

          - Le DRH, avec l´aide de la  FEPAM et des ARHs, après avis des comités, élabore le Rapport Annuel sur la situation des Ressources en Eau de l'État du Rio Grande do Sul, qui est approuvé par le CRH-RS (conseil) et publié.

 

 

iii) Loi du Rio Grande do Sul  x modèle français : similitudes

 

Actuellement, après l´examen de la législation fédérale et Des législations des États brésiliens relatives aux ressources en eau, c'est un lieu commun de souligner l'étroite relation entre les cadres légaux brésiliens et le modèle français de gestion des eaux. Ce qu´on peut dire, en fait, c'est que le modèle français sert d'inspiration à nos lois. On reconnaît aussi que la Loi des Eaux du Rio Grande do Sul est la plus proche du modèle inspirateur. Ici, il y a deux considérations importantes à faire.

En ce qui concerne la composition et l’aspect délibératif  du Comité de Bassin, nous avons effectivement une proximité avec le système français bien plus grande que celle de la loi fédérale ou celles des autres lois des États brésiliens. En fait, une des caractéristiques distinctives de la Loi 10.350/94, et qui la rapproche beaucoup  du système français de gestion des eaux, c'est que les communautés concernées - à travers des CGBHs – vont avoir réellement un poids très fort dans la décision des objectifs de qualité et vont décider – moyennant la fixation du prix de l'eau – du rythme de progrès dans la réalisation de ces objectifs, en assurant leur compatibilité avec les autres aspects du développement de leurs bassins respectifs. On ne soulignera jamais assez l'importance de ce dispositif, dans la mesure où les redevances pour l´usage  de l'eau représentent une nouvelle charge financière pour les citoyens, mais que les citoyens concernés décideront eux-mêmes; et ceci est fondamental, principalement de nos jours où l'intervention de l'État est fortement contestée.

En ce qui concerne la question des Agences de Bassin et leur rôle technique (support à la décision du comité) et financier (collecteur et gestionnaire des ressources financières rassemblées dans le bassin), nous avons également une très forte proximité avec le système français, incomparablement plus grande que celle de la loi fédérale et celles des autres lois des états brésiliens. Ici, il faut souligner le renforcement donnée à cette idée par les dispositions contenues dans l´art. 171 de la Constitution de l´État du Rio Grande do Sul, transcrites précédemment, qui établissent le retour des valeurs rassemblées dans chaque bassin  pour  être appliqués dans la gestion des eaux du bassin lui-même.

 

iv) Loi du Rio Grande do SUL  x modèle français : différences

 

Une fois reconnu le caractère inspirateur de la législation française, il faut noter les différences entre la Loi des Eaux du Rio Grande do Sul et son modèle. Voici les plus marquantes:

1º) Bien que le territoire du Rio Grande do Sul  ait été divisé en trois régions hydrographiques (à la similitude des six "bassins" français), nous avons dans chaque région entre sept et neuf comités de bassin; ceci implique, évidement, un plus fort degrés de décentralisation ;

2°) Pour des questions d'économies d'échelle, il n'y aura pas une Agence de Bassin pour chaque Comité. Sont prévues seulement trois Agences pour l’Etat du Rio Grande do Sul (une pour chaque région hydrographique) ;

3º) La manière de choisir les représentants des divers segments de la société dans les Comités,  suit, au Rio Grande do Sul,  une ligne bien différente du système français. Dans le système français, le mode de représentation est du type "de haut en bas" : l'État, comme responsable de la gestion des eaux, a établi la composition des comités, ainsi que les "collèges électoraux" à partir desquels les représentants doivent être choisis. Dans l'expérience qui est mise en oeuvre au Rio Grande do Sul, le projet peut être considéré comme  "de bas en haut" : à partir des types d’acteurs intéressés dans l'implantation de la Loi des Eaux, la société de chaque bassin est mobilisée dans le sens de discuter et choisir un modèle de composition, ainsi que voter pour élire les représentants de type d’acteur proposé; c´est à l'État de sanctionner (ou non, ou de modifier) la composition et les représentants proposés.

4º) Les objectifs de qualité, au  Rio Grande do Sul, ne sont pas établis   directement par les acteurs de l’eau, comme ils l’ont été en France. Dans notre cas, selon la  législation fédérale, la fixation des objectifs de qualité des cours d´eau est fait par l'agence environnementale de chaque Etat de la fédération (dans le cas du Rio Grande do Sul, par la FEPAM), après consultation de la société.  La Loi 10.350/94 a donné au Comité de Bassin un rôle important, en tant que mobilisateur de la société, dans le but de donner plus de poids à cette consultation que la FEPAM doit promouvoir, avant de dire le dernier mot;

5o) Au cours de presque une décennie écoulée entre l'approbation de la loi française jusqu'au début effectif de son application (de 1964 à 1975), il a y eu des redevances initiales (assez faibles) suffisantes pour financer l'installation des comités et des agences de bassin, ainsi que pour la réalisation des études techniques et économiques nécessaires. Comme ceci ne semble pas politiquement viable ici au Brésil, le "premier pas en avant" doit être fait par l'État, à travers des fonds généraux ;

6o) La France est une république unitaire, tandis  que le Brésil est une république fédérative. Ainsi, la législation française s’applique dans tout le territoire. Le cas brésilien est plus complexe, en vertu de l'existence, par dispositif constitutionnel, des eaux domaniales des états fédérés, des eaux domaniales fédérales et de la compétence réservée de l'Union pour légiférer sur les eaux. Il y a, donc, une question de compatibilité à examiner. La validité de la Loi 10,350/94 dépendait, évidement, de sa conformation à la Constitution Fédérale.     Bien que celle-ci soit explicite pour déterminer la compétence réservée de l'Union pour légiférer sur les eaux, cette attribution peut être interprétée comme une définition des principes et des directives générales qui doivent régler les politiques publiques, soit fédérales (pour les eaux domaniales fédérales), soient des diverses unités de la Fédération (pour les eaux domaniales des Etats). Au moment où la Loi 10.350/94 a été approuvée, au-delà des dispositifs constitutionnels qui traitent directement ou indirectement de la gestion des eaux, le Code de gestion des Eaux continuait à être en vigueur en tant que législation majeure dans ce domaine (pour tout ce qui ne contredit pas la nouvelle Constitution). La Loi des Eaux du Rio Grande do Sul ne contredit aucun de ces dispositifs, en revitalisant, au contraire, certains des ces dispositifs, comme la prévision d´autorisation/ déclaration et les redevances pour l´usage de l'eau. En 1997, avec l'approbation de la Loi 9433, le Système National de Ressources en Eau a été institué et la politique de gestion des eaux au Brésil commence à avoir des principes et des directives modernisés. Ainsi que nous l’avons dit précédemment, la Loi 10.350/94 est parfaitement compatible avec le nouveau cadre légal, sachant qu’elle a même  servi, dans une large mesure,  de modèle pour la loi fédérale.

 

SECONDE PARTIE

(NON TRADUITE)

 

TROISIÈME PARTIE

Problèmes et perspectives

 

Au long des première et seconde parties de ce chapitre, nous avons l'espoir d'avoir fourni au lecteur un résumé bien clair du processus de mise en place d'un système moderne de gestion de ressources en eau dans l’état du Rio Grande do Sul, à la fois à travers de la tentative de reconstitution historique de ses principales étapes, et à travers la description de sa situation actuelle, encore loin d'être achevée. Le moment est venu, dans cette troisième partie, de procéder à une évaluation des problèmes auxquels il faut faire face, ainsi que des tâches qui, de notre point de vue, reviennent aux divers acteurs du système, pour permettre sa mise en application et, ainsi, pour qu’elle puisse commencer à être complètement opérationnelle, en mettant en application les règles constitutionnelles et les lois des eaux fédérale et de l'Etat du Rio Grande do Sul.

 

Position du problème

 

Pour procéder à l'évaluation mentionnée, il faut récapituler brièvement ce qu’on attend du système complexe de comités que l’on tente de mettre en place dans le Rio Grande do Sul, avec l’inspiration, comme nous avons vu, du modèle français (il clair que, avec quelques variantes, ce que sera dit est vrai aussi pour le reste du pays, tant au niveau fédéral qu’au niveau des Etats). Pour aborder le problème, nous pouvons supposer deux approches qui sont en relation l’une avec l’autre : d'une part, nous pouvons analyser la situation du point de vue de l'application des instruments de gestion ; d’autre part, nous pouvons évaluer les aspects relatifs à la consolidation de la structure institutionnelle nécessaire à l’aspect opérationnel du SERH. Dans cette partie nous chercherons à aborder les deux approches, en soulignant leurs points de relations.

 

Une fois installés, les comités doivent appuyer les autorités environnementales pour l'établissement des objectifs de qualité des cours d´eau, des objectifs de long terme qui devront être atteints pour que les souhaits des populations, en terme d'utilisations multiples des eaux, soit réalisés. Cela fait, les comités doivent procéder à la délibération au sujet des plans de bassin respectifs, que ne sont rien d’autre que les programmes à réaliser, échelonnées dans le temps, pour atteindre graduellement les objectifs établis. 

De ce processus de planification, révisé périodiquement, résultent les directives d´autorisation/ déclaration et les niveaux tarifaires qui seront appliqués au redevances de prélèvement et de déversement d'effluents, avec le but d'inciter les acteurs à la modération de l'usage de la ressource, et de financer les interventions. Il faut dire que la fixation de la redevance, dans ce cas, intervient après la décision sur les interventions nécessaires – et non avant; donc, constitutionnellement, les redevances sont "liées" avec l'existence d'interventions approuvées par le comité dans le bassin respectif. Il convient de souligner, aussi, que le plan de bassin a pour base les interventions jugées adaptées dans le but d’atteindre les objectifs de qualité, et ne constitue pas un plan économique régional, bien que les décisions du comité doivent influencer les acteurs responsables des plans plus globaux.

Tout ceci, selon la loi, sera mis en oeuvre par le comité moyennant l'aide technique de l'agence de bassin correspondant, qui sera un agence technique de l'État au service du comité. Ce dispositif législatif, cette véritable dichotomie de fonctions, est très importante pour comprendre la loi des eaux du Rio Grande do Sul et son inspiration du système français. Nous avons, d'un côté, un "parlement" - le comité - une instance de négociation et de décision, représentative des divers acteurs de la société ; de l'autre, une agence technique - l'agence de bassin - une instance de soutien technique aux décisions et d´exécution de telles décisions. Etant donnée l´extrême complexité des questions concernant aux ressources en eau, on comprend parfaitement le coté essentiel de la présence de l'agence de bassin, côte à côte avec le comité : le comité représente des intérêts conflictuels et légitimes, mais ne peut pas réellement négocier et décider sans une médiation technique. En même temps, cette médiation technique de l'agence ne peut pas être assimilée à la pure action de l'État dans sa capacité de responsable domanial des eaux. En fait, il est de la responsabilité de l´État d’établir la politique générale des ressources en eau, dûment rendue compatible avec les autres politiques, et d'accompagner, surveiller et veiller à la transparence de l'action déléguée des comités, qui doivent poursuivre la réalisation des objectifs de qualité à l'intérieur du cadre de référence de cette politique générale (d’où le fait que la loi prévoit que la révision et la consolidation périodiques des plans de bassin doivent être ratifiés  par l´Assemblée Législative).

Ensuite, une fois établi ce cadre général d'analyse, nous nous demandons: presque sept ans se sont écoulés depuis la promulgation de la Loi 10.350, à quel point en sommes-nous réellement ? Comme nous avons vu dans les parties précédentes, actuellement un peu plus de la moitié des comités prévus  sont installés, beaucoup d'eux récemment, d’autres depuis plus longtemps. Les plus “avancés” travaillent sur l´établissement des objectifs de qualité et commencent, très timidement, à réfléchir à leurs plans de bassin. D’où la seconde question : la bouteille est-elle à moitié pleine ou à moitié vide ?

Pour une meilleure approche à la réponse, examinons ce qui est arrivé dans le cas français. Le système français a mis seize années pour être mis en application :  six ans de discussions parlementaires - de 1959 à 1964 - et dix ans pour la mise en place (installation des agences et comités, élaboration des études de base) - de 1965 à 1975. Si nous considérons, comme nous l’avons déjà dit, que pendant la période de mise en place, ont été fixées des redevances "symboliques" qui ont rendu possible l'installation du système et le fait, non signalé dans ce texte mais bien connu, que les conditions techniques étaient meilleures en France qu’au Brésil pour la mise en place, nous pourrions dire que le processus, ici, avance de façon raisonnable.

Néanmoins, ce simple calcul du temps de mise en place n'est pas un indicateur de la santé du processus. En fait, à mesure que le système avance avec la présence de seulement l’un des piliers - les comités - l'évolution se trouve sérieusement déséquilibrée, avec des conséquences prévisibles. Nous examineront ce déséquilibre dans le seconde paragraphe de cette troisième partie.

 

Les déséquilibres dans la mise en place du système

 

Dans ce paragraphe seront traités trois sujets mutuellement liés.

 

1) La question des Agences de Région Hydrographique (ARHs)

 

Dans le sens d'un "rééquilibre" dans le processus de mise en place du SERH, le premier élément à souligner concerne l'installation de l'ARHs. Ce qui a été exposé dans la section précédente est explicité dans l'organigramme qui fait partie de la loi des eaux du Rio Grande do Sul, ainsi que dans la rédaction de l’art. 20 de la Loi 10,350/94 :

Art. 20 - Les Agences de Région Hydrographique, qui doivent être instituées par Loi comme intégrantes de l'Administration Indirecte de l'État, devront apporter l'aide technique au (SERH) Système de l'état de ressources en eau, ayant parmi leurs attributions, de :

         I - assister techniquement les Comités de Gestion de Bassin Hydrographique pour l'élaboration de propositions concernant le Plan de l'état de ressources en eau, pour la préparation des Plans de bassin Hydrographique, ainsi que pour la prise de décisions politiques qui exigent des études techniques ;

         II - appuyer les Comités avec des études techniques, économiques et financières nécessaires à la fixation des valeurs des redevances pour l'utilisation de l'eau et le partage proportionnel des coûts d'interventions d'intérêt général du bassin hydrographique;

         III – appuyer les Comités pour la proposition d’objectifs de qualité des cours d’eau du bassin dans des classes d'utilisation et conservation;

         IV – appuyer le Département de Ressources Hydriques dans l'élaboration du rapport annuel sur la situation des ressources en eau de l'État [du Rio Grande do Sul] et du Plan de Ressources en eau de l'État [idem];

         V - maintenir et gérer les équipements et les mécanismes de gestion des ressources en eau mentionnées dans l'article 11, II, b;

         VI - percevoir les valeurs correspondantes aux redevances pour l'utilisation de l'eau conformément au Plan de chaque bassin hydrographique.  

 

 

L'organigramme mentionné, ainsi que l'article cité, expliquent clairement l'inspiration de la Loi  des Eaux du Rio Grande do Sul a partir du modèle français : l'agence de bassin n'est pas seulement une agence financière, chargé de percevoir et d’appliquer les ressources financières rassemblées dans le bassin – et donc qui doit être installée après la décision de percevoir les redevances – mais une agence technique d'aide aux Comité et aux autres instances de coordination du système.

Néanmoins, comme on a déjà vu dans le tableau qui a été dressé de l'évolution du système, bien qu’il y ait encore des comités à installer, plusieurs comités déjà installés travaillant sur des questions de proposition d’objectifs de qualité, d'élaboration de plans préliminaires de bassin et débattent sur des modèles de redevances. Ainsi, nous  considérons comme essentielle la résolution de cette question des ARHs, sous peine que chaque comité commence à agir comme une ONG, par exemple, en cherchant identifier des sources de soutien technique et financière indépendantes, en faisant disparaître l’idée d’un système, au profit de programmes et de projets ponctuels.

Actuellement, dans l'effort de mettre en marche le SERH, le DRH, conjointement avec les comités, a cherché structurer des étapes des Plans de Bassin, ce qui devrait être justement le rôle des Agences. Néanmoins, tout en reconnaissant l’importance de l'effort et le travail qui est développé, tous les acteurs impliqués doivent aussi reconnaître qu’il y aura seulement progrès effectif quand le caractère transitoire de la situation et la  lacune en raison de  l'inexistence des Agences seront clairement assumés.

Il est clair, nous en sommes parfaitement conscients, que l'actuelle conjoncture politique n'est pas propice à la création de nouvelles institutions d'Etat de quelconque type. Néanmoins, pour le bon déroulement de la mise en place du système, pour éviter le risque de démobilisation et d'interruption, un type de solution quel qu’il soit doit être trouvé. Une suggestion concrète est l'installation d’une Task Force constituée par des techniciens appartenant à l'État et qui sont actuellement  répartis dans plusieurs institutions. Ce Groupe de Travail pourrait devenir le germe des futures agences. 

 

 

2) La question de l’autorisation/ déclaration

 

Les critères et les conditions spécifiques pour l’autorisation/ déclaration et les redevances, comme nous avons vu,  seront des sujets spécifiques de délibération des comités, faisant des décisions arrêtées dans les Plans de bassin (les comités n'examineront pas chaque demande d’autorisation/ déclaration, mais ils définiront, dans chaque Plan de bassin, les critères respectifs et leurs conditions). Néanmoins, dans la mesure où l’autorisation/ déclaration est un acte unilatéral et discrétionnaire de la part de l’État [du Rio Grande do Sul], il est urgent que l'État, à travers DRH et de FEPAM, procède à une mise en règle initiale de tous les utilisateurs de l’eau. Ceci montrera à ces utilisateurs que l'État assume efficacement la domanialité des eaux déterminée par la Constitution, et donnera lieu à la formation d'un répertoire précis des utilisateurs des eaux dans les services de l'Etat.  Il va sans dire qu’il s’agit d’une étape initiale pour n’importe quelle gestion réussie des ressources en eau. D'autre part, si cet important pas initial n’est  pas réalisé, tout le travail naissant des comités sera sérieusement affaibli. En fait, si la présence de l'État n’est pas perçue par la population, les comités seront considérés seulement comme de simples organisations non gouvernementales cachées  dans l'appareil de l'État.

Selon cet exposé, il est évident que toute cette question de l’autorisation/ déclaration, surtout celle liée à la future intervention des comités, est organiquement liée à la mise en place, par l'Etat, d'un Système d'Informations cohérent et en état de fonctionnement. Plus précisément, la suggestion d'une autorisation/ déclaration "initiale"  est, selon nous,  une étape initiale pour la constitution de tel système.

 

3) La question des eaux souterraines

 

En principe, ce sujet constitue une partie intégrante du problème de l’autorisation/ déclaration et de l'inexistence d'un système d'information, examiné précédemment. Néanmoins, étant donnée son importance et sa gravité, il mérite un commentaire séparé. En fait, étant donnée la faible présence de l'État, mentionnée ci-dessus, conjointement avec la situation de la constitution des comités et de l’imminence des redevances pour l'utilisation de l'eau  et, également, la question de l’autorisation/ déclaration, de la part du DNPM  (Office Fédéral de la Production Minérale), pour l'exploration d'eaux minérales, il y a des prémisses importants d’une grande précipitation pour l'ouverture de puits d'eau souterraine. Outre les problèmes substantiels de dégradation, tout ce phénomène est hautement anti-éducatif, contradictoire et, une fois encore, il exige une attitude ferme du Pouvoir Public dans le but de mettre en règle cette situation.

 

Quelques points positifs

 

En contrebalançant les défis à être affrontés, il faut, maintenant, souligner quelques points positifs dans l'évolution du système.

 

1) La création du Secrétariat de l'Environnement [de l’État du Rio Grande do Sul] et l'unification de la Politique Environnementale

 

La création du Secrétariat de l'Environnement (SEMA), en 1999, séparé du Secrétariat de la Santé, a rendu possible la coordination et la réunion d'une série d'institutions et de programmes du gouvernement  en relation avec la gestion des ressources naturelles, auparavant distribués dans divers Secrétariats de l'Etat. Jusqu'au milieu de l'année 2000, comme mentionné dans la loi à l’origine, le pilotage du SERH était bipartite entre le Secrétariat de la Santé et de l’Environnement (au quel était attachée FEPAM) et le Secrétariat de Travaux Publics, Assainissement et Habitation (auquel étaient attachés le DRH, la Présidence du Conseil de Ressources en Eau du Rio Grande do Sul et la gestion du Fond (de l'Etat) de Ressources en Eau).

Pendant l'année 2000, après un long débat interne au sein du Gouvernement, a été acheminée à l'Assemblée Législative une proposition de modification de la législation. Dûment approuvée par l’AL, et sanctionnée par l'Exécutif, cette modification a transféré la Présidence du Conseil de Ressources en Eau et la gestion du Fond au titulaire du Secrétariat de l’Environnement.  Avec toutes ces modifications, produites au long de 1999 et 2000, se consolidait l'unité de pilotage des diverses instances et institutions avec des attributions concernant la gestion des secteurs de conservation, contrôle, surveillance et recherche, ainsi que des programmes gouvernementaux orientés vers ces questions. Avec cela, a été créé un environnement propice pour la liaison de la gestion des ressources en eau avec les autres politiques et les programmes ayant une interface avec la question environnementale. A notre avis, il s’agit d’un grand pas vers  la mise en application de la Loi 10.350/94.

Comme exemple de ce début d’articulation, nous signalons le cas suivant.

 

2) Études d’Impact sur l’Environnement/ Rapports d’Impact sur l’Environnement

 

Bien que les EIEs/RIEs continuent à être des instruments essentiels pour l’autorisation environnementale, entreprise par entreprise, la FEPAM, de manière innovatrice dans le pays, procède à la réalisation des EIEs/RIEs régionaux et sectoriels, en conformité avec des dispositions dans la loi des eaux et dans le Code Environnemental du Rio Grande do Sul. Ces études, au fur et à mesure qu’elles « couvrent » le territoire de divers bassins, constitueront un excellent instrument de planification et, certainement, apporteront une aide précieuse à la prise de décisions par les comités. Comme point de départ du processus, la FEPAM a stimulé, et même demandé, la participation des comités dans les séances publiques d’évaluation. Ainsi, les comités Sinos, Caí, Lago Guaíba et Taquari-Antas participent à des expériences-pilotes conduites par la FEPAM et qui déboucheront, probablement, à l'avenir, vers des mesures d’autorisations, planification et zonage économique-écologique. Actuellement, le Comité Taquari-Antas travaille intensément à l'examen de l'étude commune FEPAM-ANEEL qui traite, en gros, de l’exploitation possible et de l’autorisation respective de 57 installations hydroélectriques (petits, moyennes et grands)  totalisant approximativement 1.200 MW de puissance. Il s'agit d'une expérience très riche d'apprentissage qui fournit d’importantes leçons pour toutes les parties prenantes.

 

3) Rétablissement du Conseil de Ressources en Eau (de l’état du Rio Grande do Sul) (le CRH-RS).

 

À notre avis, celui-ci est aussi une grande étape dans le sens de la construction du SERH-RS. En fait, le CRH-RS, bien que prévu par décret gouvernemental, n'est pas jamais parvenu à avoir un fonctionnement effectif. À partir de la promulgation de la Loi 10,350/94, pratiquement toutes les résolutions du CRH-RS ont été acheminées par son Secrétariat Exécutif e approuvées par décisions "ad referendum" du Président. Entre 1995 et 2000, peu de réunions ont été tenues. À partir de l’année en cours, s'est initié un processus de rétablissement, où peuvent être signalés les aspects suivants:

- organisation d'un ordre du jour de sujets prioritaires pour la mise en place et le fonctionnement du Système défini avec la participation des comités ;

- révision du règlement intérieur du CRH et convocation régulière de réunions fréquentes ;

- révision de la composition du CRH, avec augmentation de la représentation des comités de bassin (dépendant encore d'une autorisation législative) ;

- effectivité de la participation des représentations des instances de l'administration directe, au niveau de l'Etat et fédérales, comme prévu dans la Loi ;

- création d’un conseil technique pour fonctionner comme groupe d'assistance au Conseil.

La rétablissement du CRH-RS peut ouvrir la voie au dépassement des diverses insuffisances dans la mise en place du Système, outre la valeur qu’elle a, en elle-même, par le fait de signifier le fonctionnement d'une instance fondamentale, c’est à dire qui a pour rôle de veiller, au nom de l'État, à l'application réussite et appropriée de la politique déterminée par la Loi.

 

4) La participation de l'Union [Gouvernement Fédéral]

 

Au niveau fédéral, on peut citer la création de l’ANA [Agence Nationale des Eaux], au début de l’année en cours [2000], et plus récemment encore, quelques initiatives du Ministère de Science et Technologie (spécifiquement, la création des Fonds Sectoriels). Ces initiatives pourront créer des conditions favorables pour le Système National de Ressources en Eau et pour le SERH-RS. Pour profiter de ces occasions, il faut que les comités et d’autres instances du système de l'Etat, articulent leurs exigences et propositions d'action. Viennent à présent quelques commentaires plus spécifiques.

 

Ø      L’ANA et le programme d'"achat d'égout traité"

 

Avec son programme récent d'"achat d'égout traité", valable non seulement pour des cours d'eau fédéraux, mais aussi pour des fleuves des Etats, l’ANA pourra devenir une grande incitation pour des mises en place plus rapides des systèmes des Etats. En fait, ce programme de subventions de l'ANA, exige que des opérateurs et des villes qui se disposent à traiter leurs égouts puissent seulement obtenir les fonds offerts par l'Agence moyennant confirmation qu’ils font partie de bassin dans lequel existe un comité et que le projet de la station d’épuration est inclus dans le plan de bassin (comprenant des perspectives de  redevances et la détermination de la destination de ressources financières). A notre avis, si le Programme de l'ANA réussit à appliquer des ressources financières importantes, on ne constatera pas seulement la présence de l'Union dans la gestion de ses eaux domaniales, mais également son pouvoir incitatif, hautement positif, sur des politiques des Etats en matière de gestion de ressources en eau.

 

Ø      Le Fond Sectoriel (fédéral) de Ressources en Eau

Il est mis en place, conjointement avec d'autres fonds fédéraux,  un Fond Sectoriel de Ressources en Eau. Il s'agit d'une initiative du Ministère de Science et  Technologie, avec pour but de canaliser des ressources financières provenant de la facturation de secteurs régulés par les agences régulatrices fédérales qui sont installées dans le pays. Ce dispositif constitue, sans aucun doute, une grande occasion d'obtention de financement pour que les études qui doivent être entreprises dans plusieurs bassins pour arriver à des approches méthodologiques conformes à l’objectif d'élaboration de plans de bassin et de systèmes de tarification. Il n'y a pas de doute, non plus, qu’ils peuvent devenir des compléments opportuns au travail proposé pour le GT précurseur des ARHs.

 

Conclusion générale

 

En finissant cette troisième partie, et le texte lui-même, il nous semble opportun quelques mots de conclusion.

Selon notre compréhension, le SERH-RS vit un moment critique. Néanmoins, il faut éclairer et préciser soigneusement la signification du terme crise. En fait, c’est un lieu commun de rappeler que l'idéogramme  chinois pour la crise combine les symboles de risque et d'opportunité. En réfléchissant sur ce sujet, c'est précisément cela que nous voulons souligner à présent.

Comme l'exposé doit avoir explicité, surtout en cette troisième partie, le déséquilibre dans le processus de mise en place du système offre un certain degré de risque de démobilisation et de rétrocession. Néanmoins, quelques initiatives prises par les autorités gouvernementales en cette année de 2001, ainsi que le seul fait que les comités installés aient déjà mobilisé dans l'Etat du Rio Grande do Sul environ un millier d'entités (entre des titulaires et des suppléants, en décomptant les répétitions), indiquent qu’il est parfaitement possible de combiner les efforts de plusieurs segments de la société et de l’équipe de fonctionnaires des services de l’Etat, dans le but de donner corps à une détermination constitutionnelle et à une loi, toutes deux ambitieuses, mais parfaitement viables à la lumière d'expériences internationales. Il ne semble pas y avoir d’autre chemin : la décentralisation et la participation seront des instruments essentiels pour la mise en place définitive d'un système qui se veut....décentralisé et participatif.

 

NB – La Constitution Brésilienne fait la distinction entre les « eaux de domaniales de l’Etat fédéral »  - celles des rivières qui traversent plus d’un État fédéré, ou bien le Brésil et un autre pays - et les « eaux domaniales des États fédérés »  - toutes les autres types de milieux aquatiques, les eaux souterraines incluses.